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Ni Bien Ni Mal, Galerie Sultana, Paris, 2021
“Je pense que la narration -ou l’expérience- de cette exposition pourrait être celle d’intrigues en creux. Dans une vapeur floue, l’initiation et le dénouement des actions manquent. Elles paraissent en cours mais leur déroulement ou leur but restent difficile à cerner précisément. C’est au témoin de combler les manques dans une situation qui ne semble être ni bien ni mal et dont l’enquête ne semble être ni vraie ni fausse.
Il a été dit que l’approximation du langage créait des vérités douteuses. Il a aussi été dit que le réel comprenait des éléments suffisamment vagues pour générer de fait des représentations approximatives. Cela nous laisse, en creux, avec toutes les choses, du langage comme du réel, qui sont simultanément (et interdépendamment) vraies et fausses, bien et mal, apparues et disparues.
Est ce qu’il y a des choses qui sont vraies parce qu’elles sont fausses ?
On peut volontairement accepter ce vague, ces ambiguïtés non contradictoires. Cela projette naturellement vers une forme de quête positivement désespérée. C’est de cette quête dont il s’agit.
I think that the narrative -or experience- of this exhibition could be that of plots in hollow. In a blurred mist, the beginning and outcome of actions are missing. They seem to be in progress but their unfolding or their purpose remain difficult to identify precisely. It is up to the witness to fill in the gaps in a situation that seems to be neither right nor wrong and whose investigation seems to be neither true nor false.
It has been said that the approximation of language creates doubtful truths. It has also been said that reality includes elements that are sufficiently vague to generate de facto approximate representations. This leaves us, in a vacuum, with all the things, both of language and of reality, that are simultaneously (and interdependently) true and false, right and wrong, appeared and disappeared.
Are there things that are true because they are false?
One can voluntarily accept this vagueness, these non-contradictory ambiguities. This naturally projects towards a form of positively desperate quest. This is the quest we are talking about.”
Lapses, 2021 oil on linen 8 x 7 cm
Other Domestic Drama, 2021 oil on cotton
14.5 x 9 cm
Unrecognizable Elements of Fate, 2021
oil on cotton
14,5 x 9 cm
La Part Inedite, 2021 oil on wood
6 x 4,5 cm
La Vue Haute, 2021 oil on wood
6 x 4,5 cm
Diversion, 2021 oil on cotton 14,5 x 9 cm
Faille, 2021 oil on linen 9 x 7 cm
Vaguely Hot, 2021 oil on cotton
9 x 7 cm
Truth Gaps, 2021 oil on wood
3.7 x 4 cm
PRESS RELEASE
“La galerie Sultana dans le quartier Belleville à Paris. Une exposition personnelle de Sophie Varin, artiste française basée en Belgique. Elle comprend des peintures miniatures et des éléments sculpturaux. C’est l’automne, une saison qui est à la fois une fin et un début, nostalgique et pleine de potentiel. Au-delà de l’espace liminal de la galerie, existe une société de plus en plus polarisée ; un monde en zéros et uns, aux contrastes sans nuances.
À l'intérieur de la galerie, par contre, nous trouvons la mise-en-scène d’un état vague.
La manière de regarder le monde extérieur à laquelle nous nous sommes habitués – une façon rapide, et tournée vers l’extraction directe de sens – ne sera pas utile ici. Au contraire, le.la spectateur.trice devrait déambuler dans la salle comme un.e détective en quête du souvenir d’un rêve. Un rêve, confronté trop brusquement aux facultés de la mémoire, s’effondre instantanément au moment du réveil. L’esprit se voit obligé d’agir comme un grand filet de pêche, qui encercle doucement les sensations et les images d’une perception douteuse, plutôt que d’essayer de saisir le fil d’une compréhension logique.
Un ensemble de tableaux miniatures multicolores, pas plus grands que des cartes à jouer, tapisse les murs. Leur taille séduisante nous attire vers un domaine onirique dans lequel des personnages sans traits sont suspendus contre des fonds ressemblant à des aubes et crépuscules incandescents. Débordantes d’intrigues, les toiles nous refusent la satisfaction d’un récit limpide. Elles oscillent entre différents degrés de lisibilité, nous invitent à nous oublier dans leur monde mystique avant de refondre dans le pigment brouillé.
Deux bancs laqués noirs aux proportions particulières rappellent notre attention dans l’espace physique de la galerie. Leurs couleurs évoquent le motif tacheté de la peau venimeuse du crapaud au ventre de feu. Ne mesurant pas plus que cinq centimètres, le ventre éclatant de ce crapaud est son meilleur leurre et sa première tactique de défense. Lorsqu’il est en danger, il se tord de façon à menacer ses prédateurs avec ce magnifique poison abdominal. Comme les peintures, ce petit crapaud semble dire, “Approchez-vous mais prenez gare, car je ne suis pas ce dont j’ai l’air.”
Un pantalon en soie est jeté sur un des murs, comme un costume enlevé négligemment entre deux scènes. Il est cousu de telle façon qu’il n’y a ni devant ni derrière, ni dedans, ni dehors, suggérant l’incarnation de l’exposition entière : une figure sans direction ni polarité, qui existe, mais qui est peut-être impossible à percevoir après tout.
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The Sultana Gallery in the Belleville neighborhood of Paris. A solo exhibition of miniature paintings and sculptural elements by the French-born, Brussels-based artist sophie varin. It is autumn, a season that is both beginning and end, nostalgic and full of potential. Beyond the liminal space of the gallery lies an increasingly polarized society; a world rendered in zeros and ones, starkly contrasted with little nuance.
Inside the gallery, however, we encounter a staging of the experience of vagueness. The type of perception that we have grown accustomed to in the outside world – a form of direct, rapid looking, geared toward the extraction of meaning – shall be of little use as we investigate the scene. Rather, the viewer should attempt to tread loosely around the room, like a detective engaged in the task of recalling a dream. A dream, affronted too directly by the faculties of recollection upon waking, evaporates instantaneously. The mind is thus required to act less like a fishing rod and more like a wide net as it attempts to sift out the tangible senses and images of a dubious reality.
A cast of tiny colorful paintings, each no larger than a playing card, line the walls. Tactical in size and beguiling in character, they beckon us into an oneiric realm in which featureless figures are suspended in action against the backdrop of an incandescent palette of dawns and dusks. Brimming with intrigue, the paintings deny us the gratification of a discernible narrative. They oscillate between gradients of legibility, inducing our suspension of disbelief one moment, only to transform back into the washy, amorphous forms of pigment in the next.
Calling our attention back into the physical space are two black lacquered benches of peculiar proportions that recall the spotted epidermal motif of the poisonous fire-bellied toad. Measuring no longer than five centimeters, the amphibian’s dazzling orange underside is at once it’s greatest lure and first line of defense. When threatened, it flips onto its back, exposing its magnificent yet lethal paunch to predators as a warning. Like the paintings, the small frog seems to say, “come close, but not any closer, for I am not what I seem”. A pair of silken trousers lies strewn across the wall, like a costume cast off in the interval between performances. Made of four multi-colored panels with fly-fastenings on both the front and back, they suggest the embodiment of Ni Bien Ni Mal: the directionless figure who exists yet is perhaps impossible to perceive after all.
Mélanie Scheiner